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La Bourse de Sécurité Familiale : révolutionnaire, non !

Rédigé par leral.net le Vendredi 18 Octobre 2013 à 17:07 | | 0 commentaire(s)|

La décision du gouvernement de mettre à la disposition de 250 000 familles vulnérables des Bourses de Sécurité Familiale de 100 000 FCFA/an pour renforcer leurs moyens d’existence et capacités éducatives et productives et une excellente initiative à saluer. Du point de vue doctrinal, le libéral qu’est le Président Macky Sall n’a fait qu’appliquer une des premières exigences du libéralisme : libérer l’homme des entraves à son épanouissement total.


Dans un univers social où le citoyen est non seulement confronté à des difficultés économiques, mais est aussi angoissé par un cycle de troubles et d’incertitudes, la notion de développement est hypothétique. Tout développement qui ne fait pas de l’humain sa raison et sa cible est non seulement voué à l’échec, mais est tout simplement antidémocratique.

On pourra toujours disserter et affirmer ou infirmer, en fonction des contingences de la politique, mais il y a des faits qui ne meurent jamais et que rien ne peut effacer de la mémoire collective : ce sont des actes de grandes portées économiques, politique et social. Il ne faut quand même pas que le Sénégal devienne un pays où l’adversité politique soit telle qu’il n’y a plus de loyauté dans les débats et que les intérêts partisans soient tellement acérés qu’ils usurpent la place de l’intérêt général.

Dans un tel contexte que les grands chantiers initiés par le Président Wade étaient souvent mal compris à tort ou à raison, ou simplement dépréciés, par les rivalités politiques ou par les raccourcis et les simplifications médiatiques qui constituent une des données des démocraties modernes. Le régime de Wade a rencontré beaucoup de résistances, il a commis des erreurs, comme tout régime, il a même eu des échecs, mais si nous nous inscrivons dans le registre de l’honnêteté intellectuelle, et de l’objectivité du jugement, tout le monde sait au moins que Wade a rendu d’énormes services au Sénégal.

On n’a toujours rétorqué à Wade l’idée selon laquelle les routes ne se mangent pas, aujourd’hui les tenants de cette thèse, admettent non seulement la centralité des infrastructures dans tout processus de développement, mais mieux admettent à l’unanimité que ce qu’on mange passe par les routes, car toute production a besoin de moyens de communication efficaces pour la distribution et la consommation. C’est dire que quand on ne juge plus la valeur des choses qu’en fonction des .contingences politiques, la République et la nation s’affaissent et la démocratie devient un jeu où les fripons ont plus de chance de l’emporter auprès de l’opinion.

Quel que soit l’homme qui a mis au point la Bourses de Sécurité Familiale, et quel que préjugé qu’on puisse avoir sur lui, la Bourses de Sécurité Familiale, mérite reconnaissance. Louis pasteur disait que : « La grandeur des actions humaines se mesure à l’inspiration qui les fait naître ». En réfléchissant sur son sens et sa portée, la Bourses de Sécurité Familiale peut parfaitement être intégrée dans le registre de ces actions humaines dont parlait Pasteur, comme une nouvelle forme de redistribution de la richesse. En effet, plusieurs arguments militent en faveur d’une politique de redistribution, puisque la redistribution permet d’élever la solvabilité des ménages, donc la consommation et donc la croissance économique.

Elle permet plus de justice sociale, puisqu’elle permet de réduire les écarts de richesse entre les ménages. Elle permet, également, d’imposer une solidarité entre les agents et donc de parvenir à plus de cohésion sociale. Sous ce rapport le libéralisme social qui sous-tend cette politique Bourses de Sécurité Familiale est révolutionnaire. Jamais le monde n’a accumulé autant de richesses, mais jamais elle n’a connu autant de misères. En Grèce, en Espagne, en Israël, le peuple est abasourdi par l’absence de solutions viables. Même la grande Amérique est secouée par une économie végétant dans les bas-fonds d’une dette devenue handicapant.

La jeunesse et les couches sociales les plus pauvres ne décolèrent pas dans les pays du Nord. L’économie mondiale est en crise et partout il y a de la fureur et du bruit. « Que faire?». C’est la question de Lénine qui taraude donc tous les esprits d’ici et d’ailleurs et pendant ce temps au Sénégal, un petit pays aux ressources quasi insignifiantes a ouvert depuis quelques semaines, une voie originale pour un libéralisme distributif performant et à visage humain.

C’est clairement une vision qui trouve sa canonisation théorique chez Keynes. Pour ce célèbre économiste en effet, .la loi psychologique fondamentale, à laquelle l’humanité doit entièrement faire confiance, à la fois à priori en raison de la connaissance de la nature humaine et à postériori en raison des enseignements précis de l’expérience et de l’histoire, c’est qu’en moyenne, les hommes tendent à accroitre leur consommation à mesure que leur revenu croît. Or la croissance de la consommation est sans nul doute le levier qui actionne la production. C’est donc dire qu’en redistribuant de la richesse, la Bourses de Sécurité Familiale pousse indirectement les sénégalais à la consommation. Normal donc que le Président Macky Sall attend légitimement une croissance de l’économie.




Pape Sadio THIAM
Journaliste
Cabinet « Enjeux Communication Stratégies »
Papesadio.thiam@gmail.com